jeudi 25 mars 2010

It's just, for the first time I feel... Wicked.

Une fois n'est pas coutume, nous allons laisser de côté les jolies photos, les images bizarres et toutes ces choses distrayantes que je mets sur ce blog parce que ça rempli bien et que ça me fait me dire que c'est joli, et nous allons parler d'un bouquin (la première mais pas la dernière fois que nous le ferons).

Wicked Gentlemen a été écrit par Ginn Hale et est l'un de mes libres favoris. Hélas pour les allergiques à la langue de Shakespeare, il n'a pas été traduit mais si un livre mérite de faire l'effort de lire l'anglais c'est bien celui-là.



Wicked Gentlemen est composé de deux longues nouvelles qui se suivent et se répondent et nous présentent un monde étrange où les Démons de l'Enfer se sont laissés convaincre par les prêtres de se convertir et de venir vivre à la surface. Les descendants de ces démons se nomment Prodigals (d'après la légende du fils prodigue) et notre héros Belimai est l'un d'entre eux. Ses ongles sont longs, aiguisés et noirs, ses dents sont pointues et ses pupilles se fendillent sous le joug de la colère, en plus de ces caractéristiques physiques, il a aussi hérité de ces ancêtres d'étranges pouvoirs magiques.
Puisque les Démons existent et marchent sur terre, il faut quelqu'un pour les surveiller. Ceux qui en sont chargé sont les membres de l'Inquisition dont fait partie le capitaine William Harper. Notre histoire commence lorsque le capitaine Harper vient solliciter l'aide de Belimai dans une délicate affaire d'enlèvement.

Voilà pour le résumé, je vais maintenant m'arrêter sur divers points qui ont ravi mon coeur et font de ce livre l'un de mes préférés. J'essaierai dans la mesure du possible de ne pas spoiler.

Tout d'abord, j'adore le monde. Non pas dans le sens : oh trop bien, je voudrais tellement y vivre, mais plutôt dans le sens : que voilà un monde bien construit et intéressant, comme j'aime lire dessus et qu'est-ce que j'aurais aimé le créer !
Pourquoi est-ce que je l'adore ? Déjà parce que ça se passe dans un XIXème siècle londonien. On retrouve les odieux lords bouffis de privilèges, les pauvres exploités et oubliés de tous, les bourgeois arrogants et envieux et toutes ces choses connues sont avec maestria mêlées à l'étrangeté des Prodigals, à la sur représentation du clergé : les banquiers sont des membres du clergé, la police est assurée par l'Inquisition, et aux nouveaux codes sociaux que cela crée. L'effet est vraiment agréable, on est à la fois en terrain connu : on s'imagine facilement les décors, les tenues, les attitudes, et en même temps on est dans le fantastique, les règles ont changé, il y a des retournements de situation qu'on ne pouvait prévoir sans connaître le monde, il y a de la magie dans l'air mais sans qu'on sache vraiment où la chercher...

J'ai aimé l'histoire (que je ne vous déflorerai pas), intrigante, passionnante, tordue, et tellement caractéristique de l'époque.

Mais mes véritables amours sont les personnages. Les personnages secondaires sont sympathiques et assez développés pour qu'on s'y attache, mais le sel du livre ce sont Belimai et Harper.

Belimai. Comment décrire Belimai sans trop exposer son passé ? Belimai est abordé avec une première personne, il est notre point d'ancrage et notre point de vue dans ce monde étrange, la première nouvelle est ainsi vue et racontée par lui. Belimai est un homme cynique, avec d'étranges et agréables côtés polissons qui ressortent parfois. Il est impossible de ne pas tomber sous le charme de Belimai malgré son caractère torturé et surtout cette horrible image qu'il a de lui même comme d'un moins que rien. Malgré ses ascendances démoniaques, Belimai est avant tout profondément humain et ses faiblesses autant que ses forces le rendent réel et attachant.

Harper est pour nous dans toute la première nouvelle un personnage très énigmatique. En effet, nous ne le voyons que par les yeux de Belimai, avec la distance qu'il y a entre les deux personnages. Il est difficile de comprendre ses motivations ou bien son comportement. Mais la deuxième nouvelle nous présente un point de vue à la troisième personne et se centre sur Harper, le suivant dans une de ses enquêtes. Dès lors, Harper cesse d'être un étranger pour devenir un vrai personnage. Et quel personnage. Harper est caractérisé par son mutisme, par tout ce qu'il cache et réprime, tout ce qu'il a du mal à exprimer, à partager alors que ses sentiments essaient désespérément de sortir. A partir de là les plus petites choses qu'il exprime prennent la force d'un ouragan de passion et émeuvent le coeur du lecteur.

Le dernier point qui m'a ravie c'est la relation entre Belimai et Harper. Une relation étrange, arythmique, qui se construit en sourdine sur une multitude de non-dits et qui ne ressemble à aucun schéma de roman à l'eau de rose, sachant toujours rester juste et presque pudique ce qui donne à la moindre étincelle la puissance d'un big bang.

Il n'y a qu'une seule chose que je n'ai pas aimé dans ce livre : il est trop court !
Heureusement, l'auteur travaille actuellement sur une suite (Yaaaaaay !).

Si vous voulez savoir ce qu'il donne, un extrait du chapitre un est disponible ici : http://www.blindeyebooks.com/wicked_sample.pdf

Je vous laisse sur un merveilleux cadeau de la merveilleuse Rutile :


Maintenant il ne me reste plus qu'à lui re prêter le livre pour qu'elle me fasse Harper !

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